jeudi 13 février 2014

Quand est-t-'il en réalité de l'implantation d'une CPA?

     Implantation de la CPA Dans le contexte des Entreprises en générale


I.                   Implantation de la CPA dans un contexte des entreprises en générale
L'implantation de la comptabilité par activité (CPA) n’est pas une chose aisée et demande un travail rigoureux d’analyse, de préparation, de suivi et de mise à jour.  Cette méthode comptable a été popularisée à la fin des années 1980 par les travaux de Kaplan, Cooper et Turney (Argyris & Kaplan, 1994).

Elle s'oriente sur le processus et ses activités, elle vise une répartition plus adéquate des frais généraux (overhead) entre les différents produits d’une organisation, améliorant ainsi l’évaluation de leur coût de revient et des facteurs y contribuant. Pour ce faire, elle rattache les coûts aux activités, puis attribue les coûts des activités aux produits selon l’utilisation qu’ils font de l’activité, établie en fonction de bases de répartition variant selon la nature de cette activité.


Généralement, les entreprises qui ont entamé l’implantation de cet outil se confrontent à un ensemble de problèmes, les supplanter est une nécessité et cela demande plusieurs actions. Par ailleurs, la mise en œuvre de la CA demande au préalable une étude de faisabilité qui met l’accent sur deux points : la validité interne et la validité externe. Enfin, l’adoption de la CA n’est pas une décision facile à prendre, une entreprise n’en décide l’adoption que si cette dernière lui procure un avantage apparent.


Positionnement de la CPA Dans La Comptabilité de gestion

D'après les études certains chercheurs , la CPA se situeraient entre coûts et mesure ,ainsi son implantation pose encore beaucoup de questionnement.. Alors selon vous où se trouve  la CPA en ce moment? 
                           
                   Source: séance 4 Powerpoint, diapositive n ° 4, Marc Journeault, CPA, CMA, Ph. D

Les étapes de l'implantation de la CPA

L'implantation d’une comptabilité par activité est un processus relativement long et complexe, elle passe par les étapes suivantes :

1. Détermination des « objets de coûts » à analyser. La CPA définit les « objets de coûts » comme les produits, les services, les clients ou toutes les autres entités dont on veut établir le prix de revient. Généralement, il s’agit de différents produits dont on veut comparer les coûts.

2. Identification des activités liées à chaque « objet de coût ». Comme dans l’approche objet événement ou dans le logigramme, il s’agit de décomposer le processus selon ses activités constituantes.
La décomposition est cependant généralement d’un niveau plus général, pour ne pas complexifier indûment la collecte de données. Par exemple, on conservera l’activité « livrer le produit », mais on ne la subdivisera pas en sous-activités comme « préparer le bon de livraison », « vérifier la commande », etc.

3. Isolation des « inducteurs de coûts » (cost drivers). La notion d’inducteur de coûts est centrale en CPA puisque l’inducteur servira généralement de base de répartition des coûts de l’activité. Or, le choix d’une base de répartition pertinente est crucial pour l’obtention de coûts de revient valables. Un inducteur est ce qui génère les coûts d’une activité ou ce qui la déclenche. Ils sont généralement établis en discutant avec des experts de l’activité. Par exemple, l’inducteur de l’activité « traiter les plaintes » pourrait être le nombre de plaintes; toutefois, si l’organisation est sujette à des campagnes de plaintes ne nécessitant pas un traitement individuel, le nombre n’est peut-être plus un indicateur pertinent et il devra être ajusté pour tenir compte des sujets distincts.

4. Identification des ressources à comptabiliser par activité. Les coûts à comptabiliser incluent, en plus des coûts directs de main-d'œuvre et de matériel liés à « l’objet de coûts », les dépenses relatives à l’approvisionnement et à la distribution, aux ventes et au marketing, aux services à la clientèle, à la technologie, aux finances et à l’administration, etc.

5. Regroupement des ressources qui ne seront pas réparties selon des inducteurs spécifiques, par
exemple, le loyer, le chauffage ou les taxes foncières, et y appliquer un inducteur général. Selon la nature de l’activité, ce pourrait être notamment le temps-machine, le temps de main d’œuvre ou le nombre d’unités produites.

6. Mise en place le système comptable. Cela nécessite de concevoir le nouveau système comptable, de réorganiser la collecte des données et souvent d’acquérir un logiciel comptable approprié. La mise en place du système requiert souvent plusieurs mois.

7. Recueil des données sur les activités. On recommande généralement de procéder par prototypage en implantant le système pour un nombre limité d’activités afin de pouvoir ajuster au besoin les données à recueillir et les modalités de collecte.

8. Calcul du coût unitaire d’une activité. Une fois les données recueillies, on calcule le coût unitaire d’une activité en divisant ses coûts totaux par son inducteur.

9. Calcul du coût de revient du produit. On attribue ensuite au produit, en plus de ses coûts directs par unité, le nombre d'unités d'activités qu’il utilise (par exemple le nombre de livraisons) multiplié par leur coût unitaire respectif.

10. Analyse des données, particulièrement celles qui ont trait à des ressources dont la consommation varie selon le type de produit, est élevée ou est mal reflétée par les modes de comptabilité traditionnels. Généralement, l’analyse mène à l’ajustement du coût des produits ou à l’abandon d’un type de production.
La mise en place de la comptabilité par activité mène généralement à l’implantation de la gestion par activité (Activity- Based Management ou ABM), menant notamment à la modification ou à la suppression des activités trop coûteuses ou sans valeur ajoutée.



Opérationnalisation de la CPA  dans son implantation


Les systèmes comptables traditionnels répartissent généralement les frais généraux en fonction du nombre d’heures consacrées directement par la main d’œuvre à la production (heures de main-d'œuvre directe ou MOD). Or, avec l’automatisation, la main-d'œuvre directe devient un facteur moins significatif.
Parallèlement, les frais généraux, notamment l’amortissement et l’entretien des équipements, la recherche et le développement, la mise en marché et la gestion des stocks, l'implantation et l'entretien des systèmes d'informations et les technologies de l'information sont en forte croissance et représentent souvent plus de cinq fois les coûts de main-d'œuvre directe. La méthode est donc particulièrement utile dans les organisations où ces frais généraux sont élevés, où les produits sont variés et où la concurrence sur les prix est forte.



Pour plus d’information :

- Gosselin M., 2007, « A review of activity based costing : Technique, implementation andconsequences », in Handbook of Management Accounting Research, vol. 2, Edited by
Chapman C. S., Hopwood A. G. and Shields M., Elsevier, p. 647-670.






Bibliographie


Argyris, C., & Kaplan, R. (1994). La mise en œuvre de nouvelles Connaissances: Le Cas de La Base des Activités. Comptabilité Horizons, 3 , 83-105.



2 commentaires:

  1. Je suis d’accord avec votre position que l’implantation est un travail rigoureux qui comprend plusieurs étapes difficile et qui est onéreux. Plusieurs entreprises décident d’ailleurs de ne pas faire le projet à cause de ces deux raisons. Il est vrai que pendant la période de l’implantation et de la conception du modèle de la CPA, il y a plusieurs étapes techniques qui sont complexes et qui prennent du temps. Toutefois, il y a plusieurs étapes à travers lesquelles l’organisation doit passer avant que la CPA soit acceptée par les employés et que tout fonctionne bien à l’intérieur de l’entreprise.

    Dans certaines entreprises, même si toutes les étapes techniques ont été franchies, il se peut que le projet ne soit pas un succès. Dans l’article de Krumwiede (1998), l’auteur identifie dix étapes d’implantation auxquelles les entreprises doivent faire face ainsi que des facteurs qui favorisent la réussite du projet. Dans ce modèle, la méthode de la comptabilité par activités peut en fait être rejetée à deux moments différents. Ainsi, l’organisation peut décider de rejeter le projet après que la direction ait considéré celui-ci mais qu’elle ait décidé de ne pas aller de l’avant. Toutefois, si la direction approuve le projet, une équipe sera mise en place pour effectuer l’analyse technique dont vous avez parlé et développer le modèle. Par la suite, lorsque celui-ci est complet, il se peut que le projet soit abandonnés pour diverses raisons avant que le système soit utilisé par l’ensemble de l’entreprise et non juste le département de la comptabilité.

    Si le modèle fonctionne bien, la prochaine étape sera l’acceptation par les autres départements du système, qui l’utiliseront de plus en plus jusqu’à ce que soit un système intégré.

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  2. Merci pour tes apports car cette vision d’utilisation de plus en plus jusqu’à ce qu’elle soit un système intégré est participative de mon opinion d’un processus relativement long et complexe, passant par des étapes. Je m’en vais plus loin en apportant plus de consistance à notre sujet en stipulant que la comptabilité par activités (CPA) est une nouvelle méthode de gestion des coûts conçue, pour remédier aux limites des outils traditionnels de comptabilité de gestion, qui sont devenus inadaptés au contexte des entreprises.
    La nouveauté dans cet outil de gestion réside non seulement dans sa pertinence dans le calcul des coûts, mais également aussi dans la manière de représenter l’entreprise. Son introduction a influencé la vision du fonctionnement des entreprises, on est passé d’une vision verticale axée sur les fonctions, à une vision horizontale basée sur les processus.
    Cette innovation qui influence en même temps le fonctionnement technique et administratif de l’entreprise vise à expliquer et prédire les rythmes d’adoption de l’innovation et les modèles d’adoption dans le temps et/ou l’espace (Wolfe 1994).

    Merci.
    Au plaisir de lire vos prochaines contributions,

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